7 questions à Noah Herland sur les Organisations des Producteurs Agricoles (OPA) mises en place par PHC

Noah Herland nous parle des Organisations des Producteurs Agricoles (OPA) mises en place par les Plantations et Huileries du Congo (PHC) dans le cadre de son Programme de Développement Communautaire (PDC). Noah est Ingénieur Agro-Economiste spécialisé dans l’économie de l’Environnement et du Développement. Il a acquis une expertise technique de 12 ans dans plusieurs domaines ayant trait à la Valorisation Environnementale, Capacitation Socio-économique, Policymaking (élaboration de politiques), Peace Building (consolidation de la paix) et Développement Durable à travers un parcours professionnel avec plusieurs institutions : ONG locale, ONG Internationale, Organes Gouvernementaux et Secteur Privé. Il a rejoint PHC en 2021 en tant qu’Expert en Développement Communautaire.

Décrivez-nous, en termes simples, qu’est-ce qu’une OPA, de quoi s’agit-il exactement ? 

Une Organisation des Producteurs Agricoles, OPA en sigle, est de ce fait une unité de base pour l’intervention du Programme de Développement Communautaire (PDC) qui regroupe plusieurs membres des communautés qui ont agréé de se réunir pour mutualiser les efforts liés aux opérations de la production agricole dans le cadre de la Stratégie de Développement Durable de PHC. 

Quelle est la fonction des OPAs dans le cadre du PDC ? 

Les OPAs sont inscrites dans les axes stratégiques sur lesquelles intervient le PDC. Elles s’inspirent des modèles d’organisations communautaires initiés dans le passé par des programmes multi-acteurs qui ont compris l’importance de la mutualisation des forces comme garant des résultats probants. (Ex : le Programme PRAPO en Province orientale). Il s’agissait donc pour le PDC de ne pas inventer la roue en créant de nouvelles approches d’interventions sans tenir compte des modèles qui avaient déjà été implémentés dans le milieu et qui ont fonctionné. 

La fonction des OPAs dans le cadre du PDC est donc de fournir un noyau de base sur lequel les accompagnements de PHC vont être orientés, notamment les appuis technique, financier et logistique pour l’atteinte de la vision de la Prospérité Partagée telle que définie par la société et la construction et le renforcement des capacités grâce à la diversité des activités.

Quel est le processus pour créer une OPA ? 

Il y a des étapes à suivre pour mettre en place une OPA. Elles incluent entre autres des rencontres avec les autorités locales qui nous donnent l’aval de travailler avec les membres de leur communauté. Des réunions sont aussi organisées avec les membres de la communauté pendant lesquelles nous présentons le PDC et sollicitons leur adhésion. Le reste est d’ordre administratif comme la formalisation, l’élaboration des statuts et règlements d’ordre d’intérieur des OPAs et leurs accréditations auprès des autorités administratives.

Réunion d’animation d’OPA à Lisalama près du site de PHC à Lokutu (Province de la Tshopo).

Combien d’OPA sont établies à ce jour ? Quelles sont leurs activités ? 

Nous avons à ce jour 63 OPAs à Lokutu et à Yaligimba avec lesquels nous travaillons et une moyenne de 780 membres qui sont identifiées dans nos registres. Certaines OPAs sont déjà opérationnelles, d’autres sont à redynamiser, c’est-à-dire celles que nous devons relancer les activités. Il y a aussi des OPAs dont la mise en place est sollicitée par les communautés elles-mêmes, elles disent être inspirées des organisations que nous avons lancées dans d’autres villages. Concernant les activités des OPAs, elles sont constituées de cinq des huit axes du PDC à savoir la mise en place des activités liées à la culture du palmier et du cacao (axe 1), du maïs (axe 2), du maraîchage (axe 3), de la porcherie et du poulailler (axe 4) et ainsi de la pisciculture (axe 5). 

Quels étaient les défis en créant les OPAs actuelles ? 

Nous avons rencontré de nombreux défis, notamment avec les communautés qui ont émis des réserves à accepter le Programme de Développement Communautaire lancé par la nouvelle direction de PHC parce que les clauses sociales signées en 2018 avec l’ancienne équipe dirigeante n’ont pas été respectées et qu’il y avait moins de retombées et peu d’impact sur les communautés. Par ailleurs, la nouvelle direction de PHC s’est engagée à exécuter le Environmental and Social Action Plan (ESAP : le plan d’action environnemental et social) duquel certains objectifs et résultats attendus du PDC tirent leur essence. PHC a donc exécuté ses engagements de l’ESAP en parallèle avec le PDC, ce qui a contribué à renforcer l’action sociale.

Nous avons également remarqué l’engouement et l’empressement de certains membres des communautés qui voulaient tout de suite travailler avec nous et lancer rapidement la production agricole alors que le déploiement de ce type de programme demande des moyens logistiques importants, notamment l’achat des matériels et des semences ainsi que leur acheminement sur les sites. L’autre défi est qu’au lancement du programme en 2021, le PDC a fonctionné qu’avec un seul staff dédié et n’avait pas un équipement propre à lui. Nous avons toujours compté sur l’appui des collègues du département ESG (Environnement, social et gouvernance) pour nous introduire dans les communautés en utilisant leur logistique comme des motos pour nous rendre dans nos activités sur terrain. 

À présent, un processus de recrutement pour renforcer le staff dédié au PDC est en cours sur nos trois sites à Lokutu dans la province de la Tshopo, à Yaligimba, dans la province de la Mongala et à Boteka dans la province de l’Equateur. Les procédures d’acquisition des biens, travaux et services ont été également lancés. Avec l’implication de la Direction Générale, nous sommes certains de la mise en œuvre effective du PDC.

Quels sont les principaux succès à ce jour ? 

Le principal succès à ce jour est l’acceptation et l’appropriation des membres des OPA du processus et leur volonté manifeste à s’impliquer dans le programme et à produire les biens et services. Nous avons également reçu des témoignages des communautés qui ont été satisfaites des semences distribuées. Le travail engagé dans le cadre de ce programme porte du fruit, nous avons lancé la production de maïs en mars 2022, la prochaine récolte est prévue pour le mois de juillet 2022.

Il faut noter que la production du Maïs fait l’objet d’un projet pilote visant à introduire de nouvelles semences plus rentables en remplacement progressif des semences dégradées au vu des demandes des producteurs locaux, qui se plaignaient de la baisse de l’offre des prix par les acheteurs aux marchés finaux à cause de la mauvaise qualité des grains qui provenaient de leurs champs. Ainsi donc, le PDC a pu acquérir 2500 Kg des Semences de maïs jaune pour couvrir en essai environs 100 ha dans les communautés des OPAs. Nous aurons à cet effet les moyennes des récoltes jusqu’en août, après la mise en sacs et la préparation à la vente, ainsi, nous pourrons évaluer la rentabilité pour les OPA à préférer ces nouvelles semences.

Et que dire du futur du PDC ?

Le futur du PDC réside dans l’exécution de la Stratégie de Développement Communautaire de PHC qui est définie sur 5 ans. L’OPA étant l’unité de base pour l’intervention du Programme de Développement Communautaire, cela veut dire que toutes les activités définies dans le cadre de ce programme couvriront les cinq années.

Creation des OPAs à Yalisubu-Mwando près du site de PHC à Lokutu (Province de la Tshopo).

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